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Abbaye d'Argenton

Appellation Château de Lonzée, Château d'Argenton, Abbaye d'Argenton
Adresse Rue de l'Abbaye, Lonzée (Gembloux)
Propriétaire Famille Van Eyck
Année de construction 1738/1752 à 1754
Fonction Ferme et ancienne église
Caractéristiques Style classique Louis XV
Protection Bien classé le 13 janvier 1989

Description/Historique

L'histoire de ce véritable palais abbatial est relativement simple. Survivance de l'abbaye Notre-Dame d'Argenton accompagné de ses corps de ferme, de l'église en trèfle, d'un élégant porche d'entrée et d'une partie du mur d'enceinte. Dominant la vallée de l'Arton, ensemble isolé en briques et pierres bleues en grande partie reconstruit au XVIII (1722-1747 et 3ème quart du siècle). A l'exception du cloître et de la brasserie disparus au milieu de XIX siècle, quasi tous les bâtiments sont encore en place. Ralliée à l'Ordre de Cîteaux et dépendant de l'abbaye de Villers-la-Ville, l'abbaye d'Argenton demeura en fonction jusqu'à la Révolution française puis devint une ferme. L'église abbatiale servit de grange et fut laissée dans un piteux état. Quant au palais abbatial et à l'hôtellerie, ils offrent une pureté de lignes remarquable, bien dans le style mosan, en briques et pierres bleues. La porterie est flanquée de deux tours.

En mai 1229, Guillaume de Harenton et son épouse, noble famille sans enfants, font don de leurs biens situés à Argenton (dont le moulin) à des religieuses augustines venues de Balâtre (Grandval). Ces moniales vite affiliées à l'ordre de Cîteaux, reconnues par le Vatican et le suzerain Godefroid de Perwez, s'installent dans une propriété, située à Argenton, comprenant bâtiments, ferme, maisons, terres, prés, viviers, bois, moulin, bref tout ce qu'il faut pour vivre en communauté fermée, en dehors du monde en respectant la stricte clôture. Divers bienfaiteurs, tels que le comte de Namur Baudouin de Courtenay ou encore Thomas et Jeanne, comtes de Flandre et de Hainaut élargissent le domaine par divers dons en terres et en bois. Les archives sont relativement muettes jusqu'au début du XV siècle au moment où le comte de Namur se plaint au chapitre de Cîteaux de l'état pitoyable aussi bien matériel que spirituel des abbayes de moniales de son comté. En effet, les guerres territoriales et le morcellement des propriétés réduisent les donations et empêchent une vie conventuelle digne de ce nom. Une vaste réforme se met en marche et une nouvelle abbesse venue de Soleilmont, Nicaise de Harby, redresse le monastère de façon remarquable et y tient une comptabilité rigoureuse à travers laquelle on peut suivre, au jour le jour, la vie de la communauté.

Aux XVI et XVII siècles, ce ne sera que le cortège de misères provoqué par les guerres de religion, guerres entre les grandes puissances, France, Espagne, Angleterre, ... Les récoltes sont ravagées ; les bâtiments pillés et incendiés sont monnaie courante. Mais toujours, avec une incroyable volonté, les moniales blanches redressent leur couvent. Les Français, en deux épisodes, envahissent notre pays pour finalement s'y installer après avoir chassé les Autrichiens. En 1796, nos provinces sont devenues des départements et les occupants procèdent à la nationalisation et à la vente des biens du clergé. L'abbaye d'Argenton sera donc vendue 200.000 livres, le 27 juin 1797 avec 130 bonniers de terres, pour la moitié de sa valeur à un financier français, Jean-Baptiste Paulée (1754-1832) grand acquéreur de ce genre de bien. Sous l'Ancien Régime, le territoire comptait 850 hectares. L'église de plan tréflé (construite par l'architecte namurois Jean Maljean de 1752 à 1754) qui fut incendiée en 1913, sert aujourd'hui de grange et d'entrepôt. Les sources relevées par Andrée Odekerken en 1993 signalent que l'abbaye était déjà louée comme ferme dès le 7 janvier 1797 au sieur Hicquet. Tous les bâtiments furent classés en 1989. Le site est classé depuis 1992 ainsi que le moulin d'Harton, situé en contrebas, qui a appartenu à l'abbaye. Depuis, l'affectation n'a pas changé. À Hicquet succédèrent les Chavée, Rucquoy, d'Arripe et enfin les Van Eyck présents en ces lieux depuis trois générations.


Source : Châteaux de Belgique, La Région wallonne, La Gloriette, Gembloux & Remy BAUVIN.